L’Allier au XIXe siècle

Publié le : 30 août 202116 mins de lecture

Le département de l’Allier est un de ceux qui occupent le centre de la France ; il est compris entre le 51° degré 3′ et le 52° degré de latitude septentrionale, entre 0 degré 6′ de longitude occidentale et 1 degré 85′ de longitude orientale du méridien de Paris.Ce département est limitrophe, au Nord, de celui de la Niêvre ; à l’Est, de ceux de Saône-et-Loire et de la Loire ; au Sud, de celui du Puy-de-Dôme ; à l’Ouest, de ceux de la Creuse et du Cher.

Le département de l’Allier est divisé en quatre arrondissements communaux formant quatre sous-Préfectures, savoir : l’arrondissement de Moulins, celui de Gannat, celui de Lapalisse et celui de Montluçon.

Ces quatre arrondissements contiennent ensemble 26 cantons, 31 communes et environ 529540 habitants.Il occupe une superficie de terrain d’environ 726279 hectares, ou 72 myriamètres carrés 92 kilomètres 79 centièmes, répartis ainsi entre les quatre arrondissements.

Le département de l’Allier est formé de la presque totalité de l’ancienne province du Bourbonnais. Il tire son nom de l’Allier qui le traverse dans sa partie centrale, et dont le cours est à peu près de 28 lieues ou de 112 kilomètres du Sud au Nord.

La nature du sol comprend, par ordre de superposition, le granit du plateau central, le gneiss, le terrain houillier, le grès bigarré rouge alternant avec un grès blanc assez analogue à celui des Vosges et recouvert d’argiles panachées, le calcaire tertiaire, enfin des alluvions plus au moins épaisses.

Lycée Banville à Moulins Allier

La superficie du sol, bien qu’elle soit en plusieurs endroits assez fortement accidentée, est en général plate et unie ; peu de départements cependant présentent plus de variétés d’aspects et de productions, et des tableaux aussi brusquement tranchés : tantôt se développent d’immenses plaines et de riches coteaux soigneusement cultivés, tantôt d’épaisses forêts et des prairies sillonnées de rivières, çà et là des montagnes abruptes hérissées de blocs de granit et ravinées par les pluies ; là , de vastes terrains incultes où il ne croît que la bruyère et les genêts ; ici, on aperçoit des villes, des villages, des vieux châteaux isolés au milieu d’une plaine, tandis qu’ailleurs on les voit comme suspendus à la crête des coteaux ou aux pentes des collines, ou cachés dans le fond des vallons

Le voyageur qui explore ce département passe successivement des contrées si riantes et si fertiles de la Limagne dans ces déserts qui avoisinent le département du Cher vers l’Ouest, pays désolés où tout est repos et isolement, où l’on fait des lieues entières sans rencontrer une habitation. Il remarque en passant les sombres plateaux du Montet et de Commentry où l’industrie humaine vient fouiller les entrailles de la terre pour en arracher les richesses qu’elle y tient cachées. Il peut faire de délicieuses excursions soit sur les bords fleuris de la Besbre, de la Queune, de la Burges, soit dans les forêts de sapins appendues aux montagnes de Ferrières, ou sur les coteaux vineux de Saint-Pourçain, de Chantelle et autres ; en un mot, les contrastes les plus frappants caractérisent les diverses contrées de ce département, et ont été remarquées et signalées par tous ceux qui se sont occupés de sa description et de sa statistique.

Plusieurs rivières arrosent le département de l’Allier, les principales sont, outre l’Allier dont nous avons parlé ci-dessus, la Loire, la Vouzance, l’Odde, la Roudon, la Besbre, le Sichon, le Mourgon, l’Andelot, la Sioule, la Bouble, la Queune, le Chamaron, le Cher et l’Aumance.

A ces cours d’eau, il faut ajouter une portion du canal du Cher qui s’étend de Montluçon à Ainay-le-Château où il quitte le département de l’Allier et passe dans celui du Cher, et une portion de celui de la Loire qui traverse les cantons du Donjon, de Dompierre et de Chevagnes dans toute leur étendue.

On y trouve aussi une assez grande quantité d’étangs et de lagunes qui produisent de nombreux et d’excellents poissons, mais qui entretiennent dans le pays une humidité fiévreuse et malsaine ; enfin, d’abondantes sources d’eaux thermales qui alimentent différents établissements publics fréquentés dans la saison par un grand nombre d’étrangers, et contribuent à la prospérité du pays.

Eglise Saint-Pierre à Chatelperron Allier

Les principales productions du sol dans le département de l’Allier sont, d’une part, le fer, le manganèse, la houille, le grès bigarré rouge et le grès blanc, le grès à aiguiser, le granit, la pierre à bâtir, le marbre, l’argile à potier, la terre à creusets, la pierre à chaux, etc. ; d’autre part , le froment, l’orge, le seigle, l’avoine, le foin, des légumes de diverses espèces, des fruits, des vins rouges et blancs propres aux transports, et enfin du bois en abondance, car la partie boisée occupe environ le septième de l’étendue du territoire, ou cent neuf mille cinq cent vingt-sept hectares ; les essences dominantes de bois sont le chêne d’une très bonne nature, le hêtre, le charme, le bouleau et le sapin.

On y élève toutes espèces de bestiaux, de troupeaux, d’oiseaux de basse-cour, etc., le gibier y est très abondant, et, sous le rapport de la chasse, on sait la prédilection toute particulière que les rois et les princes ont eue en tout temps pour ce pays.

Neuf routes nationales et sept départementales traversent en tous sens le département de l’Allier, auxquelles il faut ajouter les diverses lignes de chemins de fer actuellement en exécution.

L’industrie consiste en fabriques de coutellerie estimées, de taillanderie, de billes de billard, plumes à écrire, grosse draperie, rubans-gallons, bonneterie, porcelaine, meubles en noyer, poterie de terre, forges, hauts fourneaux, tréfilerie, tannerie, cordages, verrerie à bouteilles, papeteries, etc., et on y fait commerce de grains, de vins, de chanvre, de bois de charpente et de marine, merrain, planches, bois à brûler, charbon de bois, houille, fer, etc., etc.

Le département de l’Allier compte 430 foires dans ses 26 chefs-lieux et 69 autres communes ; 388 de ces foires existent d’ancienne date ; 4 seulement ont été créées de 1789 à 1814, toutes les autres ont été établies depuis cette dernière époque. A l’exception de 5, toutes les foires de l’Allier n’ont qu’un jour de durée. Les principales se tiennent à Lapalisse, Dompierre, Bourbon-l’Archambault, Saint-Pourçain, Limoise et Cosne. Le principal objet de ces foires consiste dans la vente de bestiaux, de grains, de légumes, de chanvre, de lin, de porcelaine, de faïence, de poterie, de coutellerie, enfin de marchandises de toute espèce pour les besoins du pays.

Le climat est en général tempéré, doux et sain, mais sujet à de très brusques variations de température qui ont lieu d’un jour à l’autre et quelquefois dans la même journée. On y a remarqué des hivers fort rigoureux et des étés très chauds. Les vents froids du Sud-Ouest y règnent assez ordinairement durant le printemps, et y apportent souvent des neiges et des gelées nuisibles à l’agriculture ; mais les automnes y sont en général fort beaux. Les orages y sont fréquents ainsi que la grêle, et les débordements et les inondations qui en sont la suite, y causent souvent les plus grands ravages.

Château de Fourchaud à Besson Allier

Le caractère, l’esprit et les habitudes des habitants de l’Allier ont été diversement appréciés par les écrivains et les historiens du pays, et souvent avec une sévérité peu flatteuse pour le plus grand nombre. Tout ce qui en a été dit, du reste, peut se réduire à ceci : en général, un caractère doux, facile et patient, une certaine mobilité d’idées et d’inconstance de sentiments dus, dit-on, à l’inconstance du climat, un goût très prononcé pour l’indolence et le repos, un penchant vif pour la vanité et la parade extérieure, peu d’aptitude pour les arts, les sciences, la littérature et pour les travaux et les occupations qui demandent quelque contention d’esprit, une indifférence assez grande pour les choses, les événements et les personnes qui n’ont pas avec le pays une relation directe. Les passions, les grandes passions, de quelque nature qu’elles soient, s’y développent rarement ; de la prévoyance, de l’économie, le soin du bien-être personnel, mais avec honneur et probité, ce qui n’empêche pas un penchant assez irrésistible pour les plaisirs et les hasards du jeu. Les femmes y sont gracieuses, charitables et accortes ; on vante les bonnes manières et l’esprit civil des citadins de Moulins, de Bourbon de Néris et de Vichy qui sont mis plus souvent que les autres habitants en contact avec les étrangers ; on préfère plus volontiers la vie obscure et pénible, les calmes jouissances de la vie vulgaire à tous les éléments de grandeur, à ces fortunes, à ces positions sociales si enviées ailleurs et qu’il faut conquérir par trop de soin et de labeur ; mais, en général, on y a l’esprit sociable, de l’affabilité dans l’accueil et de la bonhomie dans les relations civiles.

Ce tableau cependant souffre de nombreuses exceptions suivant les différences de localité, comme aussi dans certains individus de la même localité, et l’on rencontre çà et là quelques caractères plus fortement trempés, quelques âmes plus actives et plus de dispositions au travail et à l’industrie ; du reste, la marche de la civilisation moderne et le frottement plus continu avec des habitants de diverses contrées, ont apporté et apporteront encore de fréquentes modifications à ce chapitre.

Quant au physique, le caractère général de la stature et des formes est médiocre ; les physionomies ne présentent ni beauté ni expression distinctive, beaucoup de femmes sont jolies, peu sont belles, toutes perdent promptement l’embonpoint et la fraîcheur de la jeunesse. Le climat, la qualité des eaux, certaines causes morales nuisent à la force du tempérament, au développement et au maintien de la santé ; cependant, en quelques endroits, notamment sur les bords de la Sioule, on parvient à un âge très avancé, et on cite bon nombre de centenaires.

D’après le caractère des habitants de l’Allier que nous venons de tracer, il est facile de se faire une idée des mœurs et de la vie privée dont le laisser aller parfois et le peu de sévérité s’allient souvent à des habitudes religieuses et de dévotion, et avec un extérieur d’ordre et de régularité qui n’est cependant pas de l’hypocrisie. Si tous les ménages ne sont pas heureux ou exemplaires, il y règne toutefois une sorte de concorde qui prévient toute dissension ou séparation scandaleuse ; il y a une sorte de pacte universel qui fait qu’on s’entend parfaitement à l’amiable sur toutes choses, s’il y a des petites jalousies, des petites rivalités entre voisins, elles se dissimulent presque toujours sous des dehors polis ou de convenance. Il y a peu de querelles violentes, peu ou point de duels, peu de crimes, beaucoup de ruse et de finesse dans les affaires, ce qui n’exclut pas une sorte de bonne foi. Il y a tel campagnard, dit un historien, qui emploie plus de sagacité dans l’achat d’une pièce de bétail qu’un courtier de commerce dans la conclusion d’un marché de bourse, et développe plus de ressources et d’intrigues dans la vente d’un morceau de terre que le plus habile diplomate dans un congrès où il s’agit de la destinée de l’Europe. Aussi, si les querelles d’intérêt ou autres se traduisent rarement en voies de fait , elles produisent souvent des procès qui, malheureusement pour les plaideurs, se terminent devant ce qu’on est convenu d’appeler la justice, où chaque parties, là comme ailleurs, excitées par de perfides conseillers, voient s’engloutir pour tout résultat leur fortune et leur repos.

Naguère encore, il y a quinze ou vingt ans, il eût été facile de retrouver dans tout le département de I’Allier de nombreuses traces de ces usages anciens, de ces coutumes singulières, de ces habitudes locales nées des institutions, des besoins, des croyances, des superstitions, des goûts populaires du Moyen-Age que nous ne décrirons point ici parce que d’abord il faudrait de trop nombreuses pages pour ce tableau pittoresque, et puis parce que la marche successive de la civilisation en a laissé subsister peu de vestiges qu’il nous suffira d’indiquer ici.

Ancienne caserne ou quartier Villars actuellement centre national du costume de scène à Moulins Allier

C’est toujours sur la place publique, dans les villes comme dans les campagnes, vers l’heure de midi, à l’issue des offices, que se traitent toutes les affaires, que se concluent tous les marchés, que se transmettent toutes les nouvelles, tous les renseignements, tous les bruits publics ; que se louent les ouvriers et les domestiques, etc. ; certains préliminaires du jour des noces, les promenades de la mariée au son de la musette, de la cornemuse ou du bourdon ; les apports, les fêtes patronales des. corporations et leurs processions ; les chants des noëls aux portes des maisons pendant l’Avent ; les montagnardes et les bourrées ; quelques pratiques pour conjurer le sort, les revenants et certaines calamités, etc., etc., ont survécu jusqu’à ce jour dans un grand nombre de localités malgré les enseignements des philosophes et des rénovateurs modernes.

L’ancien costume aussi a subi bien des modifications, mais la coiffure des femmes, ce petit chapeau bourbonnais en forme de nacelle antique, si singulier, si remarqué des étrangers, est encore en usage ; enfin, le langage primitif n’a point plus que le reste échappé à la transformation générale, et le patois ne se parle plus guère que dans quelques villages peu fréquentés.

Comme presque tous les départements de la France, celui de l’Allier renferme encore un assez grand nombre de monuments des différentes époques, mais qui sont d’autant plus rares que les époques sont plus éloignées. Ainsi, point de monuments gaulois ou druidiques, ou ce qu’on a cru découvrir est fort peu authentique. La domination romaine a laissé, au contraire, beaucoup de vestiges, mais plus en objet d’industrie, en poterie, etc. qu’en édifices dont les moindres traces ont en quelque sorte disparu du sol. Très peu d’édifices de l’époque romane, seulement des édifices religieux dont presque aucuns n’ont conservé leur pureté primitive. Les douzième et treizième siècles ont légué plus de richesses en ce genre ; on y trouve un mélange de style byzantin et mauresque, et l’alliance fréquente avec le style ogival à sa naissance. Om ne sait à quoi attribuer l’extrême rareté des églises de la belle période ogivale des treizième et quatorzième siècles ; mais celle des quinzième et seizième siècles fut plus féconde en tout. Il y a beaucoup moins qu’ailleurs d’édifices religieux d’une importance vraiment remarquable. Les vieux châteaux seulement y sont encore assez nombreux, et plusieurs méritent d’être cités.

Le département de l’Allier ressort de la cour d’appel de Riom dont la juridiction sétend ensemble sur les départements du Puy-de-Dôme, du Cantal et de la Haute-Loire.

Il forme, pour la juridiction ecclésiastique, un diocèse qu’on appelle le diocèse de Moulins, suffragant du siège archiépiscopal de Sens.

Il fait partie de la dix-neuvième division militaire dont le chef-lieu est à Clermont, et qui comprend encore dans sa circonscription les départements du Puy-de-Dôme, du Cantal et de la Haute-Loire. Il est compris dans la huitième légion de gendarmerie dont le chef-lieu est à Moulins, et qui est formée des compagnies de l’Allier, du Puy-de-Dôme, de la Nièvre et du Cher. Il fait encore partie de la quinzième direction du génie militaire.

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