Église paroissiale de Saint Sulpice

Publié le : 30 août 20219 mins de lecture

L’église actuelle de Saint-Sulpice est fondée sur les restes d’une ancienne chapelle de Saint-Pierre, qui existait au même lieu avant le XIIe siècle. On ignore à quelle époque elle prit le nom de Saint-Sulpice, mais on est assuré qu’en 1210 elle était déjà paroisse sous cette dénomination. C’était, avant la révolution, la plus grande, la plus étendue, la plus peuplée et la plus riche des paroisses de Paris ; elle suffisait seule au faubourg Saint-Germain ; aujourd’hui sa circonscription est moins étendue ; elle n’est que pour le onzième arrondissement. On a érigé en paroisse pour le dixième l’ancienne église des Jacobins de la rue Saint-Dominique, sous le nom de paroisse de Saint-Thomas d’Aquin.

La nouvelle église de Saint-Sulpice fut commencée en 1646, sur les dessins de Louis Levau, et la première pierre posée le 20 février de la même année, par la reine Anne d’Autriche, alors régente du royaume. Les travaux interrompus en 1678, ne furent repris qu’en 1718, sous la conduite de Gille-Marie Oppenord, directeur général des bâtiments et jardins du duc d’Orléans, alors régent du royaume. Cet architecte eut une grande réputation comme dessinateur ; mais si l’on consulte le recueil gravé de ses œuvres, on sera convaincu que c’est à lui que nous devons la corruption du goût et tous ces ornements capricieux dont l’emploi caractérise les ouvrages du règne de Louis XV. II ne fut pas libre sans doute d’en accabler sa nouvelle église, sans quoi toutes les formes en eussent été enveloppées. Il n’y a pas très longtemps que l’on a démoli des consoles ou encorbellements, formés par des anges pour soutenir les balcons de tribunes existantes dans la croisée de l’église ; ces ornements où le goût d’Oppenord était empreint, n’étaient heureusement exécutés qu’en carton.

Le portail de l’église, commencé en est d’un autre style ; il est du célèbre Chevalier Servandoni, et ses grandes proportions, la hardiesse de la composition , les grands effets qu’il produit, tout décèle le génie de ce décorateur fécond, dont les talents et les idées pittoresques firent longtemps les délices de l’Europe pour les fêtes publiques et les scènes théâtrales.
Servandoni, en montant l’architecture de son portail sur une aussi grande échelle, en adoptant pour ses lignes un si grand parti, fit triompher la noble architecture du style maigre et sans couleur, des formes brisées et du tortillage par lesquels la mode française était parvenue à dégrader jusqu’à la majesté des temples.

La direction des ordres dorique et ionique de ce portail, dont les entablements suivent toute l’étendue de la façade, sur une longueur de 384 pieds sans aucun ressaut, sont un de ces traits hardis qui caractérisent la grande manière de Servandoni, car alors plus une ligne était ressautée et tourmentée de profils, et plus les architectes italiens ou français croyaient faire preuve de génie. Servandoni ne fut pas si heureux pour le couronnement des tours ; le changement de M. Maclaurin ne leur fut pas non plus avantageux, on peut en juger encore par celle qui existe : il était réservé à M. Chalgrin de les mettre en harmonie avec les ordres du dessous, et celle qui est érigée sur les dessins de cet architecte ne serait point désavouée par Servandoni ; elle vaut même infiniment mieux que les anciennes, commencées en 1749, sur un plan octogone. C’est en 1777, que M. Chalgrin fut chargé de cette reconstruction, qui doit s’achever avant peu pour l’honneur du nom français. Elles ont 210 pieds d’élévation, ou une toise de plus que celles de Notre-Dame. On ne doit point regretter le fronton que Servandoni avait placé au-dessus du second ordre, entre les deux tours ; frappé de la foudre en 1770, il menaçait ruine; et sa suppression, qui fût alors opérée, a mis plus de sagesse et de tranquillité dans cette façade, dont on ne jouira parfaitement qu’après l’achèvement de la place, dont le vague détruit aujourd’hui l’ensemble et laisse apercevoir des parties défectueuses.

On doit aussi, pour rendre à l’ordre du bas toute sa majesté, porter en avant les marches que l’ancien bâtiment du Séminaire, aujourd’hui démoli, avait forcé Servandoni de renfoncer dans l’intérieur de son porche, ce qui en rétrécit l’espace couvert et nuit à sa beauté. Dans le dessein où l’on est d’achever incessamment la place où s’élève ce portail, l’on ne peut mieux faire que de suivre les projets de Servandoni qui sont gravés, et d’adopter le style ferme de décoration dont il a donné le modèle à l’une des maisons qu’il a fait exécuter sur cette place, à gauche du portail.

La dédicace de cette église se fit en 1745, lorsque l’intérieur fût totalement terminé. La disposition de l’autel isolé entre la nef et le chœur, est grande et majestueuse ; il était autrefois recouvert d’un baldaquin doré d’un très-fort volume, mais la manière dont il était suspendu avec trois cordes visibles, était tout-à-fait ridicule ; cette inconvenance fut réformée et le baldaquin supprimé. Le chœur était aussi décoré de figures plus grandes que nature, soigneusement exécutées par Bouchardon, mais placées sur des cul-de-lampes adossés aux piliers, à dix pieds de hauteur du sol, ce qui présentait à l’œil un porte-à-faux effrayant, et produisait un très-mauvais effet. Ces figures, enlevées pendant la révolution, seront rendues à la décoration de l’église et plus convenablement placées. On a tracé sur le pavement de la croisée une très-belle méridienne, à l’extrémité de laquelle est un obélisque astronomique.

Le rond point du chœur, percé d’une grande arcade, laisse apercevoir la richesse de la chapelle de la Vierge, anciennement décorée par Servandoni, et depuis restaurée avec beaucoup de magnificence par feu de Wailly, architecte. Le groupe de la Vierge et de l’enfant Jésus est éclairé avec art dans une niche ajoutée à la construction primitive, et supportée en dehors par une trompe en coupe de pierre, habilement exécutée. L’éclat du marbre, de la dorure et des peintures de cette chapelle est remarquable, et rappelle la riche décoration des églises d’Italie, dont les exemples sont assez rares en France, et que l’on pourrait peut-être imiter sans y employer cette profusion d’ornements, et en usant d’une sage retenue, commandée par la gravité du style sacré. C’est le choix des plus belles matières, la perfection de la main-d’œuvre et la pureté des formes qui doivent seuls composer la richesse des temples, et commander à la fois le respect et l’admiration.

Cette église possède plusieurs tableaux de Carle Vanloo ; les fresques du plafond sont de François Lemoyne ; elles ont été retouchées par M. Callet.

On remarquait dans l’une des chapelles de la nef le mausolée de Languet, zélé pasteur de cette paroisse ; il contribua beaucoup à son embellissement ; il avait obtenu de la piété des fidèles les moyens de faire exécuter en argent la statue de la Vierge, de six pieds de proportion, sur le modèle de Bouchardon. Mais la richesse de la matière, qui attirait la cupidité et exigeait une surveillance continuelle, fit prendre le parti d’y substituer une vierge en marbre du célèbre Pigal ; c’est celle qu’on y voit encore aujourd’hui.

Le mausolée dont nous venons de parler, fut exécuté par Michel-Ange Slodtz, et se voit au musée des monuments français. On a restitué à l’église les deux belles coquilles servant de bénitiers. dont la république de Venise avait fait présent au Roi, François Ier ; elles sont un objet de curiosité pour les étrangers. On admire aussi la chaire à prêcher, du dessin de Wailly, et le buffet d’orgue exécuté dans un bon style, sur les dessins de M. Chalgrin.

L’église souterraine de Saint-Sulpice est remarquable par son étendue : on y voit d’anciens piliers de l’église primitive qui prouvent combien le sol s’est exhaussé. Le grand nombre de sépultures qui y sont indiquées donnent l’idée de ces catacombes de Rome, où les chrétiens persécutés célébraient leurs mystères et enterraient les martyrs de la foi.

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